26. Dominique

Mercredi 29 juin: c'est le vrai départ de notre croisière vers le sud, direction les Grenadines.
6h de navigation un peu musclée entre les Saintes et la Dominique: un bord de 4h vent de travers + 2h de problèmes. Le moteur tribord surchauffe et déclenche l'alarme, la grand voile ne monte pas (euh...on avait oublié d'enlever un sandoz qui la coinçait..), l'écoute de foc surpatte (= se coince dans le winch) puis passe derrière la dérive. Quand je la décoince, elle me fouette et me lacère à mort (au moins). Un vent instable à l'arrivée fait que nos 2 lignes de traîne (= 2 fils de pêche qui traînent derrière le bateau) se prennent dans le moteur, qu'on ne peut plus démarrer..Didier passe 1h à les démêler en pleine mer.
Les gros touristes, quoi..
Pendant la navigation (25 noeuds de vent, le cata fait des pointes à 10 noeuds), les enfants s'allongent sur le trampoline avec gilets, masques et tubas. Le bateau tangue tellement qu'ils passent entièrement sous les vagues. D'ailleurs, ils ne tiennent pas longtemps comme ça...
Pas vraiment la même ambiance qu'en Croatie l'été dernier, où l'on faisait bronzette pépère en feuilletant Marie-Claire sur le trampoline...

    
HEU -    - REUX !

Arrivée en Dominique. La nouveauté ici, ce sont les boyboats. Des boys sur des boats qui nous abordent avant même qu'on se soient amarrés pour faire la clearance (= formalités d'entrée et de sortie dans un nouveau pays. La douane, quoi). Ils nous proposent des tas de trucs, mieux que la Samaritaine dis donc. Des fruits, de l'eau, de l'essence, des CD, des excursions, de l'aide pour s'amarrer aux bouées, etc... contre un pourboire bien sûr. Il y a le "boyboat poubelle", qui vient 3 fois par jour à la rame sur une vieille planche de surf pour nous débarrasser de notre poubelle. Mais celle-ci n'est jamais assez pleine, il repart à chaque fois. Le lendemain, notre poubelle est pleine, mais quand on va à terre, on ne l'emporte pas, pour pouvoir la donner au boyboat poubelle (et ne pas nous faire insulter par la même occasion...). C'est un peu n'importe quoi..

les boyboats amarrage

Drôle de contraste ici, par rapport à la Guadeloupe. La Dominique est très pauvre (forcément, elle est indépendante, depuis 1978). Nous mouillons d'abord à Portsmouth, la 2ème plus grosse ville du pays. Une petite dizaine d'épaves de cargos rouillés amenés par les ouragans, bordent la ville, à quelques mètres des maisons. Ca donne une ambiance plutôt tristus...

trop de chance, ils peuvent le toucher depuis leur terrasse...



Ici, ce sont les japonais qui financent les digues, et les chinois les routes, histoire de mieux s'implanter en Dominique, puis contrôler petit à petit tous les commerces, comme au Belize..
Pas d'aéroport international, c'est trop montagneux. Il y a donc peu de touristes. De toutes façons, il ne faut pas venir en Dominique pour les plages, il n'y en a quasiment pas, car le rivage est trop abrupt, et elles sont en sable gris.

"la Dominique, mystérieuse et impénétrable..."

"La Dominique, sauvage et envoûtante..."

Non, ce qui est incroyable en Dominique, c'est l'intérieur des terres: une jungle belle et sauvage comme on en a rarement vue.. C'est vraiment le pays de cocagne. Des fleurs, des fruits, des feuilles énôôrmes, rouges, verts, jaunes, à portée de main...
On part 2 après-midis avec 2 guides qui nous emmènent en barque ou en voiture. Notre second guide se fait appeler "Kevin Costner", il a un empêchement et nous refile son oncle, "Indiana Jones"... on est prêt pour l'Arche perdue...

Indian Riverici a été tournée une scène de "Pirate des Caraïbes 2"

    
Dédé (pas le mien)    maison abandonnée dans la jungle
Vendredi attend Robinson sur son sofa

Mardi et Mercredi préfèrent attendre deboutpendant que Dimanche fait pipi

bananier (même pas besoin de lever le bras)avocatier
ananassier

La langue officielle est l'anglais, mais ici tout le monde parle français (La Dominique est coincée entre la Guadeloupe et la Martinique, et a été française plusieurs fois avant d'être anglaise plusieurs fois...tiens, ils sont passés par là aussi, les vrais gamins...). Le créole dominicain est très drôle: un vieux mélange de mots français et anglais, comme un français qui parlerait très mal anglais ( pléonasme...)
Les seuls "indiens Caraïbes" qui subsistent encore aux Antilles sont en Dominique. Ils sont 3000, et vivent dans une réserve. Ils ont résisté aux colons blancs et aux esclaves noirs. Pourquoi?
Parce qu'ils étaient cannibales... Ca aide... (on ne va pas les voir...)

En 3 mois, j'ai un peu bronzé...

    
Titou Gorge    Ici aussi a été tourné "Pirates des Caraïbes"...
Les dominicains en sont très fiers...

toujours à la recherche de l'Arche perdue...Trafalgar Falls, c'est vraiment ma-gni-fi-cient...

ce n'est pas de la boue, mais du soufre,
qui réchauffe l'eau comme un bonbainchaud

L'été aux Antilles, c'est la saison des pluies, chaude et humide (c'est aussi la saison des cyclones, et c'est celle qu'on a choisie, parce que c'est encore plus drôle...). Et ce mois de juin est particulièrement chaud. Depuis notre arrivée, on crève littéralement de chaud, jour et nuit, et surtout, on crève de cette fichue humidité qui nous fait transpirer à grosses gouttes toute la journée. Même nos tee-shirts sont trop chauds et "collent". On aurait dû emporter plus de chemises amples et légères.. On se baigne 15 fois par jour... Fastoche, la mer est à 29°.........
Plusieurs fois par jour aussi, il pleut. Ca va de quelques gouttes à de gros grains, ce qui n'arrange rien à l'humidité ambiante sur le bateau. Les serviettes ne sèchent pas, et on passe nos journées à fermer puis ouvrir les hublots du carré et des cabines.
Mais en Dominique, c'est encore pire. Les montagnes et les 11 volcans de l'île accrochent en permanence de gros nuages gris, et on passera 4 jours sous la pluie, presque non-stop.

4 jours de pluie,ça donne ça...

Pour la balade en barque, on n'avait pas pris nos k-ways, trop chauds. Grossière erreur... On fera une demi-heure de barque sous un déluge d'eau, sans pouvoir nous abriter, trempés jusqu'aux os. De retour au cata, on est tellement frigorifiés qu'on se retrouve tous devant un chocolat chaud, avec manches et jambes longues, et même polaire, alors qu'il fait toujours plus de 30° dehors...

miam, le bon chocomilk de Oaxaca... (remember?)

Le lendemain, malins, on emporte un sac avec nos k-ways pour la balade. On le laisse sur le chemin pour pouvoir escalader les rochers. C'est évidemment à ce moment que le déluge arrive (c'est hyper soudain et brutal), cette fois-ci, on rentre trempés jusqu'à la moelle...
Un bon conseil si vous vous baladez en Dominique: fabriquez-vous un sac top design avec un bidon étanche et une bandoulière, pour mettre vos affaires, surtout votre appareil photo..

On part pour Roseau, la capitale de la Dominique. Il a tellement plu que la boue de la rivière indienne a envahi la mer, on navigue dans une mélasse maronnasse.

    
la mélasse maronnasse    un petit détour par Brest...

le marché de Roseau


petit souvenir du cyclone David, le 29 août 1979

"Lam", un Lagoon 380 (catamaran) qui fait la même route que nous depuis les Saintes, nous propose de prendre un pot à l'Anchorage Hotel, pendant que les enfants se baignent dans la piscine (en mer, on ne s'appelle pas par notre petit nom, mais par le nom de notre bateau. Ce n'est plus Josette et Raoul Duchemin, mais "Ti'punch", ou "Rêve d'océans"... Nous sommes donc rebaptisés "Ouessant").
Benoit, français expatrié depuis 12 ans au Canada, voyage pour 3 mois sur son cata avec ses 3 garçons, Théo 10 ans, Sacha 8 ans, et Laé 6 ans. Sa femme vient de rentrer à Montréal pour un nouveau boulot. Ils partent l'année prochaine pour un tour du monde de 3 à 5 ans. On ne le sait pas encore, mais on passera plusieurs semaines avec Benoit et ses 3 fils.
Et aussi avec Daniel, Katheleen et leur fille Léa, 6 ans, québécois (des vrais, ceux-là, avec leur accent incroyable). Eux sont partis sur leur monocoque, "Perséides II", un Hunter de 42 pieds, pour un tour du monde de 5 à 7 ans...
Puis, un troisième équipage arrive au bar! Julien et Magali, sur leur catamaran "Goyave",  un Athena 38, qu'ils ont loué pour 6 mois. Ils habitent en région parisienne, ont 3 enfants, ont loué leur maison, sont ingénieurs...on a 2, 3 points en commun... (à part le "s" à ingénieurs...)
Évidemment, ils sont tous très sympas et on a des tonnes de trucs à se raconter. Nos premiers "batocopains", enfin! Depuis le temps qu'on attendait de rencontrer des familles françaises... On est servis, ici, l'année sabbatique en famille en bateau aux Antilles est un sport très français, on croise tous les jours de potentiels batocopains!

    
pour savoir si la pêche a été fructueuse,    il suffit de regarder ce qu'il y a comme barbeuc aujourd'hui

la vue de mon lit...

 Au fait, si vous lisez le Figaro, il y a un article sur les familles qui voyagent, auquel on a participé, qui parait en fin de cette semaine, sachant qu'on est le 15 juillet (une page dans le quotidien)...what a success...

3 commentaires:

  1. Bonjour bonjour,

    pas felicitations pour les fils de peche dans les helices...on vous avait prevenus et il semble que les amateurs aient ete meilleurs sur ce coup la que les pros :-)
    Lam est le bateau canadien qui nous a accueillis le midi de notre depart tout perdus que nous etions avec nos bagages...et a qui nous avons aussi refile du matos.
    Vous nous faites rever. Nous aussi la journaliste nous a contactes mais on n a pas reussi a se parler...deja trop occupes.
    Et rassurez vous ici il pleut fort et il fait 15.
    Bon vent !
    Les Perrin

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  2. Sabine devait nous envoyer l'adresse du blog mais elle a pas trouvé l'ordi... Finalement, vu tout le blog, pas trop les détails : très 5pa et très bo, les dgeuns.
    Bravo pour les collections, photos par thème, un régal.

    Toujours mieux, toujours plus : On aimerait les photos de la photographe, sourire, bikini etc.
    Et des sons : clapot de l'eau au port ou variante...(n'importe quel APN sait faire ça)

    On vous embrasse, Loïc

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  3. C'est normal que l'arbre qui écrase le bus ait une forme de talon ?

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