39. Questions

Voici les réponses aux questions posées par la journaliste du Figaro pour son article sur les familles qui voyagent; ce sont les questions que l'on nous pose le plus souvent.
(notez bien: à questions sérieuses pour journal sérieux, réponses sérieuses...fini le style juanita banana)


- Quelles ont été vos motivations pour partir ?

Après notre tour du monde à 2, nous nous sommes toujours dit que nous repartirions un jour avec nos enfants.
On aime voyager loin, longtemps et routard, pour être plus proches des gens que l’on rencontre. Pour moi, c’est important que nos enfants voient qu’il existe autre chose que leur petite vie de suresnois. Et aussi qu’ils n’aient pas peur de ce qu’ils ne connaissent pas, c’est comme ça que commence le racisme. Qu’ils se rendent compte que partout dans le monde, il y a des gens accueillants et adorables comme tous ceux que l’on a rencontrés.


- Qu’est ce qui a été le plus difficile (dans la préparation/ le ou les voyages )

Les nombreux RV avec les directeurs et professeurs.
Quand les enfants étaient au primaire, c’était plus facile. Maintenant qu’ils sont au primaire, collège et lycée, c’est plus délicat de partir longtemps. Les professeurs sont en général assez enthousiastes face à ce genre de projet, certains directeurs moins…Ils n’aiment pas forcément devoir gérer des cas particuliers comme le nôtre.


- Votre ou vos meilleurs souvenirs ?

Question difficile, car nous en avons beaucoup.
Pour les enfants, ce sont plutôt des activités qu’ils ont faites, essentiellement nautiques : la plongée au Mexique, le snorkelling au Belize, l’ascension d’un volcan au Guatemala…
Pour Didier, ce sont des lieux, des paysages, en général grandioses et sereins.
Pour moi, ce sont des rencontres improbables avec les indiens, les rastas, les mennonites…


- Qu’est ce que cela a changé dans votre famille / pour les enfants ?

Nous sommes meilleurs en géographie…et nous sentons plus concernés par ce qui se passe dans le monde. Nous relativisons peut-être plus nos petits problèmes, car plus on voyage, plus on se rend compte de la chance que l’on a d’habiter dans un pays comme la France, à tous points de vue. C’est fou le nombre de personnes qui vivent encore aujourd’hui comme au Moyen-Age sur cette terre.
Et puis nous avons vécu tellement de choses supers tous les 5 ensemble, qu’on a des tonnes de souvenirs communs qui nous rapprochent encore plus.


- Le plus difficile au(x) retour(s)?

C’est de ne pas pouvoir partager tout ce que l’on a vécu avec les autres…Parce que les mots ne suffisent pas à raconter une atmosphère, et que les gens, à part ceux qui voyagent aussi, ne s’intéressent rarement plus de 10 minutes à un voyage qu’ils n’ont pas fait. Et que le quotidien reprend le dessus, même si l’on pense tous les jours à nos voyages.


Hasta luego amigos!

38. Retour en Guadeloupe + FIN

Jeudi 4 août : dernière petite navigation de 4h pour la marina de Pointe-à-Pitre où l'on reprend l'avion pour Paris ce soir...
Notre loueur, Dreamyacht, vient faire l'inventaire du cata. On cherche partout la boîte à pharmacie du bateau, introuvable...euh...j'ai comme un doute...esske je ne l'ai pas refilée à Ulrich avec celle des Perrin?...Et bien, euh, si... Je suis d'autant plus verte que la caution pour la pharmacie est de 125 euros...un petit tupperware avec 3 sparadraps dedans!!!

on aura passé 47 nuits au mouillage, et seulement 2 au portheum, heum, les enfants,
vous êtes sûrs de vouloir ramener vos trouvailles?

on retrouve notre fidèle Kafamvoilàà, c'est finiiii.... on est trotristes.....mais çassevoipas

Le lendemain, Dreamyacht nous appelle à Suresnes: ils font un beau geste commercial en nous offrant la pharmacie, un pare-batage disparu, et surtout la réparation d'un joint qui était cassé dans le moteur, et qui nécessitait de sortir le bateau de l'eau pour sa réparation...ouf!
Merci Dreamyacht, louez votre voilier avec eux, c'est que du bonheur!!

A la question que la foule en délire se pose : " MAIS QUE FAISAIENT-ILS TOUTE LA JOURNÉE SUR LEUR BATEAU??", voici un aperçu de réponse.

ils lisent en soloils lisent dans leur groupe de lecture

ils barrentils se goinfrent

ils barrent en se goinfrantils s'entraînent aux "Aventuriers du Rail"...

...pour se confronter en championnat à de grands professionnelsils se consolent avec un tournoi de tarot amical

ils étudientils rédigent leur rapport de stage de seconde,
thème: " Naviguer sur un catamaran"

après tant d'efforts intellectuels, ils mouvent leurs bodiesils snorkellent

ils flottentsauf quand ils coulent

parfois, ils se laventou ils lavent les autres

forcément, ils se rincentsouvent, ils ne font rien

voire vraiment rienaprès avoir vraiment trop rien fait, ils font la vaisselle

et puis ils dormentet ils rêvent d'un peu de fraîcheur...

Ils ont aussi participé assidûment au Grand Concours du Plus Beau Pain. Les votes sont ouverts.



AU REVOIR, ET BONNE RENTRÉE A TOUT LE MONDE !!!


37. Retour aux Saintes

En retrouvant les îles françaises, on a aussi retrouvé la météo française et le fameux "Appel à tous" du Crossag que tous ceux qui ont navigué aux Antilles connaissent par coeur à force de l'entendre 4 fois par jour: "Appel à tous, appel à tous, appel à tous. Ici le Cross Antilles-Guyane. Ici le Crossag, Crossag, Crossag, qui va diffuser le bulletin marine côtier pour la Guadeloupe sur la station de Bellefontaine, canal 80". C'est notre phrase préférée, on la ressort même pour réveiller les enfants le matin.

Sauf que depuis quelques jours, le Crossag s'excite en diffusant des BMS (Bulletin Météo Spécial) toutes les heures pour nous annoncer une alerte cyclonique orange sur la Guadeloupe, à partir de lundi 1er août, répondant au doux nom d'Emily...On doit justement y rendre le cata le 4. Il faut donc vite se rapprocher de la Guadeloupe pour se mettre à l'abri.

Départ à 3h du matin de l'Anse Mitan, en face de Fort-de-France, pour une navigation de 16h jusqu'aux Saintes. On "saute" donc la Dominique.
Longue navigation, avec vent faible et contraire, tout ce que Dédé n'aime pas... Le Mercalm fait le tour des équipiers, on ne le range plus...

A 3h du mat au large de Fort-de-FranceArrivée 16h plus tard aux Saintes


Lundi 1er août. Le BMS prévoit une "mer inhabituelle" et des rafales à 50 noeuds...C'est déjà de la belle rafale, ça.
Dès le matin, la houle est forte, je dois aller à terre m'asseoir sur un banc près de la petite église des Saintes pour déblêmir... La tempête n'est prévue que pour la nuit, ça commence fort...
En cas d'alerte cyclonique de niveau orange, les consignes pour la population sont: "achats de précautions complémentaires, préparations des habitations et des abris....". Nous, on se prépare surtout à rester 2 jours enfermés sur notre bateau pour une méga-gerbe-party...
Ce matin, le chef de la capitainerie est venu nous voir pour nous conseiller d'aller nous mettre à l'abri à la marina de Pointe-à-Pitre, mais il y a déjà pas mal de vent, on reste aux Saintes. Il nous demande alors de changer de bouée; la nôtre est prévue pour un bateau de 40 pieds, notre bateau en fait 41, on risque donc d'aller se scratcher sur la falaise...ok, ok, on prend une bouée pour 50 pieds...
Des gens viennent en annexe pour mieux amarrer leur bateau... Un chouilla flippante, l'ambiance précyclonique...

Alerte cyclonique

Il y a eu finalement plus de peur que de mal. La tempête tropicale ne s'est pas transformée en cyclone (Malo aurait adoré....nous, moins). Ça a beaucoup soufflé la nuit, mais on dormait... Et le lendemain, à part quelques grains et bourrasques, pani problem. Emily a forci en se dirigeant vers la Martinique, où elle a causé pas mal de dégâts. Glissements de terrain, inondations et un mort à Fort-de-France, puis elle a continué à forcir en se dirigeant vers la République Dominicaine, où des touristes ont été évacués.

Le Bourg des Saintes

le Pain de sucre

Dernier mouillage à l'ilet Cabri, une île des Saintes. C'est ici qu'on rencontre un vrai Robinson, vrai de chez vrai: Ulrich. Il vit tout seul sur son île, dans sa maison délabrée avec juste une paillasse pour dormir, et son atelier de poterie super roots...
Ulrich est incroyable. Il n'a rien, il donne tout. On a rencontré Jézikri. Il passe son après-midi à faire de la poterie avec nous, à nous apprendre à "tourner" les uns après les autres avec une patience d'ange, sans rien nous demander en échange. Il nous offre un thé au bois d'Inde accompagné de noix de coco, du piment végétarien qu'il fait pousser  derrière sa cabane pour notre barbeuc de poulet, veut nous donner ses citrons...bref, tout ce qu'il possède, à nous, les gros richards de gros touristes sur notre gros catamaran de gros privilégiés...(il peut passer une journée entière à fignoler un masque qu'il vend 5 euros, si il le vend...Rarement vu quelqu'un d'aussi peu intéressé par le profit, la rentabilité, l'argent...)

Ulrich, le potier-ermite
manque plus que la musique de Ghost...

C'est l'heure de faire nos bagages et des tris sur le bateau. On donne à Ulrich 3 cartons de nourriture en trop (on avait visé un peu large...), 3 caisses à pharmacie qu'il apportera au dispensaire des Saintes, et divers objets. Pratiquement tout vient de nos amis les Perrin, et ça tombe bien car ce sont eux qui nous avaient parlé d'Ulrich, qu'ils aimaient bien aussi. La boucle est bouclée.

minus cabrimaousse bernard lhermitte

Courage, plus qu'un chapitre...

36. Retour à Sainte-Lucie + Martinique

Départ pour Sainte-Lucie, après avoir fait la clearance de sortie des Grenadines. Comme à l'aller, on zappe Saint-Vincent, ce qui nous donne une petite navigation de 9 heures.
9h de traversée sous la pluie non-stop...C'est une "onde tropicale active" qui se fait la joie de nous coller aux basques toute la journée: petits et gros grains à gogo, vent jusqu'à 30 noeuds. Vitesse moyenne du bateau: entre 8 et 9 noeuds. Sous le vent de Saint-Vincent, on se traîne, mais dès qu'on dépasse l'île, hop, les vagues et le vent reviennent, en pleine forme. Le Grand Huit de la Foire du Trône à côté, c'est rien.
Impossible de tenir debout où que ce soit, on se déplace courbés en 2, en se calant avec 2 points d'attache minimum, blêmes. On ressort les Mercalm....J'avais eu la bonne idée de faire cuire des pâtes pour caler nos estomacs qui se baladent un peu partout. Mais la gazinière a beau être sur cardan (= censée rester horizontale), l'eau des pâtes passe par-dessus bord. J'attrape la casserole pour la vider, et hop, (c'était couru d'avance, espèce de pauvre aubergine mexicaine que je suis...), une méchante vague fait valdinguer son contenu dans le carré, me brûlant la main au passage....Maintenant, Lou est jaune. Didier, le seul être encore vivant à bord, l'équipe d'un grand seau bleu et retourne à la barre...
Bref, l'ambiance est légèrement plombée...
Quand ça se calme vaguement (ha ha), ceux qui le peuvent essaient de manger un bol de ce qui reste de pâtes où ils le peuvent, sans broncher...

finalement, Jack Nicholson dans Shining, c'est plutôt lui...

un peu d'action, yes!Blurp boy & Blurp girl

Petit Piton  ( Lou:"C'est comme les montagnes que les enfants dessinent")

chefette Pavillonschef Nuit

Arrivée de nuit à Marigot Bay, on voit la bouée rouge d'entrée dans la baie (à laisser à tribord, car ici c'est inversé...), mais aucune bouées vertes (à laisser à.....? babord, oui, bravo). On avance au hasard, en regardant le sondeur. Il marque 4m de fond, c'est bon. Le lendemain, pris d'un gros doute, on envoie Lou plonger sous le bateau. Effectivement, notre sondeur débloque...il n'y a que 10 cm d'eau sous les safrans...1m10 de fond, pour 1m de tirant d'eau, et la marée baisse...On lève l'ancre direct...

créneau à Marigot

5h de nav jusqu'en Martinique, avec juste un grain cette fois.
En mer, Lou : " On a pêché un paquédalgue!". Moi : " Incroyable....elle en connaît, des noms de poissons! Ça doit être grâce au livre des Perrin sur les poissons...Allons voir à quoi ressemble un paquédalgue...". Et bien un paquédalgue, ça ressemble tout simplement à un paquet d'algues......pffffff....
Nuit à la Grande Anse d'Arlet, le beau mouillage avec d'énormes étoiles de mer dorées posées sur le sable blanc au fond de l'eau. Lam nous rejoint, bataille d'eau et apéro. La routine.

Grande Anse d'ArletAnse Dufour
 (les pêcheurs nous crient de ne pas mouiller là, car ils vont mettre leurs filets)

Nuit à l'Anse Noire. On a adoré ce mouillage. C'est tout petit, très beau, très familial. Ancrage pas fastoche, car comme l'anse est petite et encaissée, le vent tourne à l'intérieur et fait éviter les bateau (= tourner autour de l'ancre). On se retrouve régulièrement à quelques mètres du ponton, et le soir, Didier et Benoit accrochent les annexes le long des coques, comme pare-batages si jamais on se cogne...D'ailleurs, c'est la première nuit que Didier passe dans le cockpit depuis le départ.

Anse Noire


 grotte de l'Anse Dufour, 50m de profondeur

chouette, une boutique de bijoux à dévaliser...dernier barbeuc sur Lam

Le lendemain matin, qui arrive à l'Anse Noire? Kapuera! Après quelques discutailles, on doit déjà les quitter, et surtout quitter Lam, alias Benoit, Théo, Sacha et Laé, avec qui on voyage depuis 1 mois déjà...1 mois qu'on se voit quasi tous les jours comme les meilleurs copains du monde, alors qu'on ne s'était jamais vus avant et que l'on ne sait pas si on se reverra.... C'est quand même un truc unique, les amitiés en mer...
Bon voyage autour du monde, Lam, et bonne nouvelle installation en Nouvelle-Zélande ou ailleurs...


facedos
(chacun sa devise)